Comment faire un bon stage de L3
Document écrit par Florent de Dinechin, un soir a chaud après 13 soutenances de stages. Merci à Pierre Lescanne et Raymond Namyst pour leurs remarques et additions.
Le choix du stage
On a constaté qu'il y avait essentiellement deux types de stages:
- Les stages choisis sur critère scientifique
- Les stages choisis sur critère géographique/sentimental/etc
Il est clair que les premiers ont plus de chances de bien se dérouler.
Si votre maman/petite amie/plage natale/chat vous manque tant que vous allez choisir un stage du second type, heureusement, il y a un truc : il est souvent possible de concilier critères géographiques et scientifiques. Si ce n'est le cas d'aucun des stages proposés, n'hésitez pas à aller voir votre tuteur ou le responsable du MIM1, qui sauront vous mettre en contact avec un chercheur du LIP susceptible de vous aider à trouver votre bonheur par le réseau tentaculaire de ses relations.
Ceci dit, on a également constaté qu'il y avait essentiellement deux types de stages :
- Les stages avec un bon encadrement.
- Les stages avec un mauvais encadrement.
Il est clair que les premiers ont plus de chances de bien se dérouler.
Il subsistera toujours sur ce point un certain aléa.
Pendant le stage
Le plus souvent tout se passe très bien. Voici cependant une liste d'erreurs à éviter. Nous vous faisons confiance pour en inventer d'autres...
- Rester buté sur un problème plus de trois jours sans en parler à quelqu'un.
- Se lancer dans le code sans avoir fait un minimum de recherche bibliographique.
- Se lancer dans le code sans avoir réfléchi, pensé l'architecture logicielle dans son ensemble, montré que votre algo est correct, montré que votre code s'interfacerait bien, cherché du code libre qui pourrait vous economiser du travail, bref fait preuve d'intelligence.
- On peut reprendre les points précédents en remplaçant "code" par "lambda-calcul" ou "démonstration de P=NP" si nécessaire.
- Travailler tout seul dans votre coin.
N'hésitez pas à poser des questions à votre responsable. On attend de vous que vous soyez autonomes et pleins d'initiatives, certes, mais cela ne vous servira a rien si vous n'êtes pas intégré dans une équipe.
Le rapport
Le leitmotiv du rapport :
il doit être compréhensible par la fleuriste de la place des Pavillons, voire même par le responsable du MIM1. Plus exactement, lorsque ce dernier ne comprend pas quelquechose, il doit se dire "je ne veux pas que cet élève se rende compte que je suis moins intelligent que lui, j'y passerai le temps qu'il faudra", et non pas "c'est mal expliqué".
Et maintenant un check-list technique:
- Votre jury ne lira plus de vingt pages que s'il n'a pas vu passer les 19 premières. Dans le doute, faites moins de vingt pages.
- Pensez à situer la problématique de recherche, à décrire le laboratoire et l'équipe d'accueil (quelques lignes) et à expliquer votre contribution et vos résultats. De la technique certes, mais pas que ça!
- Ne détaillez pas trop vos echecs sauf dans ce qu'ils ont d'instructifs.
- N'oubliez pas la bibliographie.
- N'hésitez à mettre en annexe tout ce dont le ratio code/français (ou lambda-calcul/français, etc) dépasse la valeur critique de 1.
- Faites relire par votre encadrant, de gré ou de force.
- Corollaire du point précédent : il faut avoir fini deux semaines avant la date limite.
- En règle générale, l'imitation du style est bonne conseillère: il existera toujours dans votre entourage un bon rapport ou article (avec même le source latex) dont vous pourez vous inspirer.
- Pour le stage de MIM1 le rapport est en principe en français, sauf bonne raison (encadrant étranger, etc...). Avant de vous lancer dans un rapport en anglais, prenez contact avec votre tuteur ou le responsable du MIM1.
La soutenance
Les transparents
- Utilisez la classe beamer de LaTeX. Quoi, vous ne saviez pas qu'elle existait?
- Préferez les transparents horizontaux, plus lisibles car moins cachés par le rétroprojecteur.
- Pas plus d'un transparent par minute, jamais.
- Plutôt une explication claire en français qui aide a comprendre votre intuition de génie, plutot que les six pages de règles de réécritures qui en découlent (elles sont dans le rapport)
- En général il est inutile de montrer des choses dans le détail desquelles on n'entrera pas. Ou alors, c'est vraiment pour montrer visuellement la complexité d'un objet, et on se dépêchera de le dire.
- On montre une seule règle de réécriture/règle de sémantique/en-tête de procédure/etc. Et on l'explique bien. Pour les autres, on dit "c'est pareil".
Avant la soutenance
- Si possible, faites une répétition devant votre équipe d'accueil.
- Sinon, tout seul. Essayer de s'enregistrer, c'est toujours rigolo.
- En tout cas, chronometrez-vous, et, en cas de dépassement du temps, reprenez chacun des points précédents concernant les transparents. N'essayez pas d'accélérer votre diction!
- Mieux vaut parler a vitesse normale, en en disant un peu moins, que speeder, manger ses mots, stresser, bafouiller et en général être incompréhensible.
Pendant la soutenance
- Regardez l'auditoire, ou au pire votre transparent sur le retro (en restant face à l'auditoire) mais ne regardez pas l'écran. Ainsi vous pourrez par exemple comprendre au regard égaré et stupide de votre jury que telle explication capitale mérite d'être répètée.
- Soyez modestes. Les membres du jury sont encore plus orgueilleux que vous, ils sont dans le jury.
- Soyez détendus.
- Donc soyez prêts la veille à 18h.
Florent de Dinechin
Last modified: sep 2004